2005/02/06

L'industrie musicale est à bout de souffle

La campagne judiciaro-médiatique contre les téléchargements de musique sur Internet, est le chant du cygne d'une industrie musicale qui a été incapable de s'adapter aux évolutions technologiques.

L'Internet a bouleversé la distribution de CD, en donnant accès à une offre qu'aucun magasin ne peut avoir en stock. De plus en incitant les internautes à s'exprimer (par des commentaires ou des listes), et en exploitant astucieusement les corrélations entre achats, les sites donnent accès à beaucoup plus d'information pertinente que ne le pourront jamais les meilleurs vendeurs des meilleures boutiques (qui sont de toutes façon en voie de disparition). C'est Amazon.com qui a déclenché cette révolution, pas l'industrie musicale. Et aujourd'hui l'industrie musicale qui s'est en fait organisée pour exploiter les têtes de gondoles des rayons de disques d'hypermarchés, devrait reconnaitre que c'est sur Internet que la musique et les musiciens sont le mieux mis en valeur. Je passe sur d'autres épisodes, comme les radios en streaming sur Internet, mais ce qui est déjà vrai pour la vente de CD l'est encore plus pour le téléchargement.

Cela fait plusieurs années que les premiers formats compressés permettant de stocker, jouer et échanger de la musique sur ordinateur sont apparus. Au lieu d'exploiter intelligemment ces technologies, et de révolutionner la distribution de musique, qui peut ainsi passer de la production de masse au sur-mesures (le client peut acheter la sélection de son choix morceaux par morceaux), l'industrie musicale s'est enfoncée la tête dans le sable et a essayé de creuser. Apple a pu démontrer avec iTunes Music Store, ce qu'aucun des géants de l'industrie musicale n'avait jamais réussi à approcher: réussir à vendre de la musique téléchargée sur Internet.

L'industrie musicale est de plus en plus en décalage avec le monde actuel, et continue de se croire dans les années 80: en fait elle est morte et ne le sait pas encore. Elle a beau gesticuler, elle ne survivra pas sans remettre fondamentalement en question son business model. Fini le temps où on pouvait se contenter de matraquer par spot TV le tube de l'été dont on trouvait le CD en tête de gondole: le XXIème siècle est celui de la diversité, de la micro segmentation, du sur-mesures. Chaque "succès" dans la répression du téléchargement peer-to-peer est en fait un clou supplémentaire dans leur cerceuil, car ils s'enfoncent en essayant de justifier leur modèle qu'ils emporteront avec eux dans la tombe.

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