2009/11/23

Ajouter un script dans un site Google Site

Toujours dans mes expérimentations avec Google Sites et les widgets Amazon, je suis rapidement tombé sur un problème : Google Site ne veut pas qu'on ajoute des scripts dans ses pages ! Il y a bien un mode d'édition HTML mais le moindre script (et un certain nombre d'autres balises considérées peu sûres) sont impitoyablement éliminées. Alors comment faire pour utiliser les widgets Amazon à base de script ???

En fait il faut passer par la création de custom gadgets. Le mode d'emploi pour créer un gadget est indiqué très clairement dans ce tutoriel. En gros il suffit de copier le script dans un template xml décrit dans le tutoriel, et de sauvegarder le tout dans un fichier mongadget.xml.

Ensuite dans le menu Insérer de Google Site il y a une entrée Autres Gadgets, et dans la boîte de dialogue qui apparait il suffit de choisir Ajouter un Gadget à partir de son url et de donner l'url de notre fichier mongadget.xml.

Heu... oui mais pour ça il faudrait que Google Site me permette d'uploader un fichier sur mon site à un endroit que je désigne (comme me le permettait Google Page Creator) : mais en fait Google Site voulant à tout prix tout maîtriser, cette fonctionnalité de base n'est en fait pas proposée. Arg... si près du but !

Mais en fait on peut quand même uploader des fichiers comme pièces jointes (j'ai un peu de mal avec cette terminologie plutôt liée à la messagerie...). Donc sur chaque page on peut ajouter des pièces jointes. Du coup si sur ma page je commence par uploader mon fichier mongadget.xml comme pièce jointe, je vois qu'il a une url qui me permet ensuite de le télécharger. Nous approchons du but !

Mais attention, tant que la page n'a pas été enregistrée elle n'a pas son url définitive, et le fichier joint non plus (par exemple un post dans une page blog a une url draft tant qu'elle n'est pas enregistrée). Il faut donc enregistrer la page, pour pouvoir copier l'url du fichier joint, puis modifier la page pour insérer le gadget en donnant l'url copiée. D'un autre côté les url sont assez prévisibles puisqu'elles sont de la forme url-de-la-page/nom-du-fichier-joint, donc avec un peu d'entrainement on ne doit plus avoir besoin d'enregistrer la page pour connaître l'url.

Et ça marche comme vous pouvez le constater avec cette sélection éclectique d'interprétations de Just a closer walk with thee, qui contient un widget Amazon Source qui est en fait un script, qui est dans un custom gadget que vous trouvez dans la page en fichier joint.

Je suppose que vous allez me dire que ça marche aussi avec une page classeur, mais je vous saurai gré de ne pas me gâcher mon plaisir ;-)

2009/11/15

Télécharger des mp3 sur Amazon.fr

J'ai fini par m'intéresser de plus près au téléchargement des mp3 sur Amazon.fr, et bien m'en a pris puisque c'est assez simple (on reste dans le principe 1-Click une fois qu'on a téléchargé le petit utilitaire Amazon MP3 Downloader) et plutôt moins cher que sur iTunes.

Du coup j'en ai profité pour créer une boutique Amazon (un astore) dédié au téléchargement de mp3, et du même coup j'ai testé la création de site avec Google Sites. C'est encore en chantier mais je le complèterai au fil du temps.

Vous êtes donc tous invités à aller sur iDVmp3 pour remplir vos iPods pour les fêtes !

2009/07/22

Hadopi2 et le Rocky Horror Picture Show

Bonsoiiiiiiiiiiir !

La lune gibbeuse éclaire d'une lumière blafarde une ombre fuligine qui sort sans bruit d'un cercueil à demi enterré : serait-ce Bela Lugosi dans le Retour du Vampire ? ou Boris Karloff dans le Fils de Frankenstein ? Quel est donc ce spectre sombre, dont les coutures mal cicatrisées et la démarche claudicante seraient les signes les plus tangibles d'une origine inavouable, issue sans doute d'un travail d'officine puis d'un rafistolage de bas étage et de bas morceaux, s'il n'était précédé de l'odeur pestilentielle du lobbying aveugle et de la perpétration sur ordres ?

Il ne s'agit pas d'un film pour enfants, mais bien d'un film d'horreur : Hadopi 2, ou le Retour d'Hadopi, ou le Fils de DADVSI, bref la suite de moins en moins présentable de la loi concoctée par l'Ed Wood de la législation culturelle, j'ai nommé Christine Albanorwell ! Et même si dans ce remake, une doublure a endossé le rôle de ministre de la culture, il n'est en rien à l'origine du texte, mais comme dans tous les films de série B sur la mafia nous l'ont appris, il doit démontrer sa loyauté au parrain en commettant un crime qui le compromettra lui aussi.

Mais la musique étant au coeur de ce mélodrame que l'on joue dans l'hémicycle pendant les vacances, l'association d'Ed Wood à la musique m'amène irrésistiblement au Rocky Horror Picture Show. Plusieurs indices nous amènent à conclure que ce filme culte était prémonitoire.

Tout d'abord le nom même du héros, Brad Majors, est indubitablement un clin d'oeil aux Majors de l'industrie musicale qui font un lobbying intense pour réussir à faire voter quelque part une loi de type Hadopi. Ensuite le morceau d'ouverture pendant le générique s'intitule Science Fiction Double Feature, ce qui ne peut manquer d'évoquer Hadopi 1 et 2 dont l'application technique relève de la science fiction.

Un des airs les plus connus est celui du Time Warp dont le thème nous rappelle qu'Hadopi2 nous renvoie quelques siècles en arrière, avant 1789 et la liberté d'imprimer comme je l'ai déjà exposé, mais la petite danse associée (It's just a step to the left...) n'est pas sans rappeler les contorsions du petit rapporteur Riester pour contourner la décision du conseil constitutionnel.

Je trouve particulièrement savoureux que la créature créée par Frank-N-Furter chante Sword of Damoclès, qui nous rappelle à la fois l'épée de Damoclès suspendue au dessus de chaque accès internet par Hadopi2, mais aussi l'épée que le Conseil Constitutionnel tient au dessus des parties intimes de la loi et de ses promoteurs.

Je passe rapidement sur les autres séquences, que les fans du RHPS me pardonnent pour arriver en apothéose à la séquence du Floor Show qui prévoit quasiment mot pour mot le programme de Nicolas Sarkozy :

  • Rose Tint My World : autrement dit le "choc de confiance"
  • Don't Dream It, Be It : ou Johnny (et Universal) a rêvé de Hadopi et Nicolas l'a fait
  • I'm a Wild and Untamed Thing : ou je ne vais pas me laisser intimider par ces vieux croutons du conseil constitutionnels, et je vais leur balancer Hadopi2 dans les dentiers

Mais je voudrais terminer par un argument plus sérieux. Le film The Rocky Horror Picture Show a fait un flop a sa sortie en 1975, et n'a commencé sa carrière underground qu'à partir de sa projection aux séances de minuit à la fin des années 70. Les spectateurs arrivaient aux séances en costumes, jouaient dans la salle les scènes du film, et ils avaient même complété les dialogues avec des répliques qui étaient données par toute la salle. Longtemps avant le téléchargement, les fans du RHPS créaient à chaque séance un produit dérivé, un mashup, un User Generated Content, quelque chose en contravention avec toutes les lois sur le copyright et les droits d'auteurs (puisqu'il n'avaient acquis ni les droits de représentation ni les droits d'adaptation de l'oeuvre). Pourtant ces premier pirates ont fait le succès du film, qui est resté pendant 30 ans à l'affiche, et qui a rapporté plus de 130 millions de dollars alors qu'il n'en avait coûté que 1,2.

Si elle avait été rédigée en 1976 la loi Hadopi aurait certainement interdit de cinéma les fans du RHPS qui venaient déguisés jouer les scènes et ajouter des répliques. Et plus personne ne se souviendrait aujourd'hui du RHPS qui n'aurait jamais remboursé les 1,2 millions qu'il avait couté.

Quel est l'équivalent du RHPS en 2009 à l'heure d'Internet ? Je ne sais pas... mais je sais que la création sur Internet passe par le téléchargement, l'échange, le sampling, le mashup. Hadopi ne peut donc qu'étouffer la création, rien d'autre.

2009/07/06

HADOPI I et II : Inconstitutionnelle Anéfé

Le Conseil Constitutionnel a rendu son verdict: la loi HADOPI est bien contraire à la constitution, et pas qu'un peu ! En annulant toute la partie répressive du texte, et en émettant des réserves d'interprétation sur le reste, le conseil a mis le dernier clou dans le cercueil d'HADOPI, qui va rejoindre l'Autorité de Régulation des Mesures Techniques créée par la loi DADVSI, au musée des administrations courtelinesques. Je vous invite à lire dans le détail l'explication de texte de Maître Eolas et de Jules, car si le conseil ne manque pas d'humour, il faut être juriste pour en profiter :-)

Les principaux arguments retenus par le conseil constitutionnel (l'atteinte à la liberté d'expression, la disproportion de la sanction, le renversement de la présomption d'innocence) sont aussi ceux qui ont été le plus farouchement débattu par les députés opposés aux texte d'Albanorwell (essentiellement des députés d'opposition, mais aussi une poignée de courageux UMP). A chaque amendement qui essayait de corriger le texte sur ces points, la ministre ne savait qu'opposer un "Avis défavorable anéfé", avec de temps en temps la variante : "Anéfé, avis défavorable". Elle aurait mieux fait d'écouter et de travailler son texte.

Il semble que l'on soit revenus au temps du fameux "vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaires!". Il est maintenant démontré qu'il est possible de faire voter n'importe quoi au groupe majoritaire à l'Assemblée Nationale ! Heureusement il reste quelques garde-fous dans notre république, mais il n'en reste pas moins que les députés qui ont voté cette loi n'ont pas fait leur travail de représentants du peuple et de législateur. Ils se sont contentés d'obéir aux ordres, et l'on sait jusqu'où cela peut nous mener...

Et pourtant voici déjà HADOPI II : le retour de la vengeance d'Albanorwell ! Avec la promesse du même cirque, et les mêmes contorsions juridiques pour essayer de faire accepter l'inacceptable, et de mettre en application l'inapplicable. Je vous laisse parcourir les analyses juridiques ici et , pour souligner le point qui me parait symboliser cette nouvelle tentative :


le titulaire de l'abonnement à Internet, dès lors qu'il ne serait pas l'auteur de l'acte de contrefaçon mais qu'il aurait fait preuve d'une « négligence caractérisée » dans la surveillance de son accès à Internet, pourrait encourir une amende (contravention de 5e classe), éventuellement assortie d'une suspension de son accès à Internet pour une durée maximale d'un mois, à condition d'avoir été préalablement averti par la commission de protection des droits de la HADOPI, en application de l'article L. 331-26, par voie d'une lettre remise contre signature ou de tout autre moyen propre à établir la preuve de la date d'envoi de la recommandation


J'ai déjà glosé sur l'extraordinaire capacité de ce gouvernement à être systématiquement à contre-temps, mais je dois dire que je me suis encore laissé surprendre. A l'heure où l'Internet en général et Twitter en particulier sont les seules sources d'informations sur la réalité des élections en Iran, il me parait effectivement indispensable que le pays des Droits de l'Homme indique enfin au reste du monde médusé que l'accès internet est trop dangereux pour être laissé sans surveillance. Je serais curieux de connaître combien d'Iraniens seraient aujourd'hui convaincus de "négligence caractérisée" dans la surveillance de leur accès Internet s'ils avaient été suffisamment éclairés pour voter une loi similaire...

Notre pays a une histoire, et si Henri Guaino l'a oubliée et a du coup bien mérité le prix Busiris décerné par l'indispensable Maître Eolas, d'autres se souviennent comme Lars Gustafsson, qui nous rappelle que dans pendant les décennies précédent la révolution, la presse n'était pas libre, imprimer était un acte subversif, et les raids se multipliaient contre les imprimeries clandestines, certainement au nom du délit de "négligence caractérisée" dans la surveillance de l'accès à sa presse à imprimer. Et si l'Encyclopédie a quand même été imprimée, ce fut dans l'enclave prussienne de Neufchatel, où l'on pouvait aussi imprimer des récits pornographiques. La aussi la réaction des censeurs a été de censurer plus encore et de réprimer. On sait comment cela s'est terminé :

Article 11 de la déclaration des Droits de l'Homme de 1789 : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Alors pourquoi refaire les mêmes erreurs ? Quels sont ces lobbies si puissants qu'ils réussissent à mettre la moitié de notre classe politique en porte-à-faux avec notre propre constitution et notre propre histoire ?

Personnellement je concluerai comme Lars Gustafsson :
 
L'intégrité intellectuelle et personnelle des citoyens, pour simplifier un internet qui n'a pas été transformé en un média gouvernemental par des tribunaux imprégnés par les lobbies, et des politiciens Européens tenus en laisse, est plus importante que les besoins d'une scène littéraire et musicale principalement industrielle, qui es déjà en train de s'écrouler rapidement du vivant des auteurs. Le besoin d'être lu, d'influencer, de formuler son temps, peut parfois être en conflit avec le désir de vendre beaucoup d'exemplaires. Quand les deux besoins entrent en conflit, l'intérêt industriel doit être mis de côté et la grande sphère intellectuelle des arts doit être défendue contre les menaces.

2009/04/27

HADOPI ou la tentation d'Orwell

Un commentaire de Christine Albanel dans un article récent du Point m'a interpelé. La ministre en bisbille avec une de ses collègues du gouvernement a déclaré:

Je signale que si d'aventure, Création et Internet n'était pas adoptée, il n'y aurait aucune perspective d'avenir pour l'offre légale de musique et de films en ligne face à la concurrence déloyale du piratage. Cette loi est donc le préalable incontournable du
développement de l'offre légale. Quand cette loi sera adoptée, on pourra construire de véritables modèles économiques, éventuellement fondés sur la gratuité, mais en tout état de cause, rentables pour les diffuseurs et procurant des revenus aux créateurs.

Il n'y aurait donc aucune perspective d'avenir pour l'offre légale de musique et de films en ligne sans HADOPI !

J'aurai pu comprendre ce commentaire en 2000 alors que Napster inventait un nouveau moyen d'échange de musique, qui pouvait mettre en péril les premiers pionniers de la vente de musique en mp3 comme Goodnoise (qui deviendra ensuite eMusic). Voire en 2001 quand les majors ont fait fermer Napster, générant ainsi les réseaux peer-to-peer décentralisés, et multipliant les risques pour l'offre légale balbutiante. Ou même en 2003 lors du lancement de l'iTunes Music Store par Apple, après que les majors du disque se soient révélées incapables de proposer une offre attractive sur Internet (qui se souvient de Pressplay ?).

Déjà en 2005, ce commentaire aurait paru peu avisé, au moment où l'iTunes Music Store après deux ans d'existence pouvait revendiquer plus de 4% des ventes de musique aux USA, CD et téléchargements confondus, dépassant des institutions établies comme Tower Records, qui d'ailleurs n'y survivra pas.

Mais en Janvier 2008, l'iTunes Music Store est devenu le premier distributeur de musique aux Etats Unis ! Et l'offre légale de musique en ligne aux USA représente un tiers des ventes. Devant ces faits, comment peut-on en 2009 raisonnablement soutenir que l'offre légale en ligne n'a pas d'avenir sans HADOPI ?

Serait-ce que les Etats-Unis auraient adopté une loi similaire à HADOPI, certainement il y a plusieurs années vu l'épanouissement de l'offre légale en ligne dans ce pays ? C'est ce que voudraient faire croire la ministre et les portes-flingues de l'UMP en avançant régulièrement que "l'efficacité de cette méthode a été prouvée aux Etats-Unis" (voir par exemple l'article de JF Copé sur Slate.fr).

Je ne sais pas à quoi ils font référence mais il n'y a clairement pas de loi HADOPI aux Etats-Unis, et c'est bien pourquoi le RIAA représentant l'industrie du disque s'est lancé dans une opération à grande échelle d'assignation devant les tribunaux de pirates présumés . Ces procédures longues et coûteuses ont apporté plus de déboires que de satisfaction aux majors, et montrent qu'ils préfère gaspiller l'argent des artistes et le temps des tribunaux plutôt que d'essayer de promouvoir des solutions innovantes au problème.

Au passage j'invite le lecteur anglophone à lire la description détaillée des pratiques de l'industrie du disque lors de ces procédures judiciaires, qui permet de comprendre pourquoi les majors tiennent tant à la loi HADOPI qui leur permet d'éviter ce processus judiciaire en imposant le principe d'une sanction automatique après deux avertissements. D'autre part cela permet aussi de comprendre le niveau des "preuves" que l'industrie du disque utilise pour justifier la suspicion de piratage, et pourquoi les craintes des internautes et des associations de consommateurs sont fondées : quand on voit le peu d'éthique de l'industrie du disque dans ces procès, on peut légitimement craindre que la procédure automatique va multiplier les poursuites abusives.

Cette capacité à nier les faits, à maquiller l'histoire, à tordre la réalité au service de sa propagade, m'a fait irrésistiblement penser à 1984 d'Orwell. Aussi j'ai voulu analyser Hadopi à la lumière des principaux thèmes du roman :

  • Trucage de l'histoire et propagande : voir ci-dessus. Au passage la citation "qui détient le passé détient l'avenir" pourrait être sur l'étendard des majors, militant pour l'extension du copyright.
  • Big Brother et télécran : la loi entérine que les majors surveillent votre activité sur Internet et puisse vous dénoncer et demander la suspension de votre abonnement. Big Brother peut maintenant décider d'éteindre votre écran Internet...
  • Destruction du sens logique : rappelons que la loi s'appelle 'Création et Internet', et qu'elle ne dit précisément rien sur la Création (on aurait pu espérer par exemple qu'elle encourage les initiatives favorisant la création comme les licences Creative Commons ou les net labels), et ne considère Internet que pour imposer la suspension de l'abonnement (sans imaginer une seconde qu'Internet puisse servir à un processus créatif). 
  • Bouc émissaire et manifestation de haine collective : le piratage et les pirates sont la cause de tous nos maux ! Ils mettent en péril la création, la culture ! Rien n'est plus important que de mettre fin au piratage, dixit Big Brother Sarkozy.
  • Apauvrissement planifié de la langue : tout est fait pour empêcher l'expression de pensée subversive. Il est devenu impossible d'avoir une discussion rationnelle sur la dérive des législations sur le copyright ou le droit d'auteurs, qui spolient les générations futures et sont un handicap pour la création au XXIème siècle. Immédiatement on est taxé de pirate, d'être contre la création ou les auteurs ou les artistes, ou tout à la fois. Là encore comment peut-on être contre une loi qui s'appelle Création et Internet ? Heureusement que la communauté Internet l'a renommée HADOPI, ce qui a l'avantage au moins de permettre une discussion sur une analyse du texte, non polluée par le contexte de propagande falsificatrice imposée par le titre d'origine.
  • Embrigadement des enfants : initialement je m'étais dit que c'était sans doute le point sur lequel Hadopi n'allait pas aussi loin qu'Orwell. Que nenni ! Hadopi prévoit que la législation doit être enseignée dans les collèges, dans le cadre du Brevet Internet !!! Elle organise donc l'embrigadement des enfants qui devront subir la propagande des majors à l'origine de cette loi, la liste des sites de téléchargement 'approuvés' par Hadopi, etc... Bien entendu la loi ne prévoit rien sur l'enseignement des licences Creative Commons, ni sur les net labels permettant des téléchargements légaux et gratuits... C'est donc de l'embrigadement des enfants au services des intérêts privés manipulant le pouvoir. Dans la plus pure tradition Orwellienne...

Hadopi est pire que je le pensais, et certainement pire que vous le pensez. C'est une étape supplémentaire dans la dérive Orwellienne de notre classe politique (car après tout quand on est au pouvoir on n'a rien à craindre de Big Brother, quoique...).

Il faut donc rejeter le texte de Christine Albanorwell !

2009/04/14

HADOPI ou l'art de gouverner à contretemps

Certains disent que gouverner c'est prévoir, et si c'est le cas il faut en conclure que nos hommes politiques ne gouvernent pas puisqu'ils sont non seulement imprévoyants mais systématiquement à contre temps. 


Ainsi fin 2006 Nicolas Sarkozy pouvait vanter les prêts hypothéquaires, sans bien sûr avoir prévu la crise des subprimes, mais que le ministre qui ne s'est pas laissé surprendre par cette crise lui jette la première pierre. Notons néanmoins au passage que certains acteurs commençaient à se désengager de ce marché dès la fin 2005, donc on aurait pu espérer que nos crânes d'oeufs hexagonaux se montrent un tantinet plus prudents. 

Il faut dire que l'année 2006 voyait aussi la création en grande pompe de Natixis, en mars 2006, avec à la manoeuvre un certain François Pérol qui y voyait certainement le moment le plus propice pour créer une grande banque d'investissement qui pourrait avantageusement s'ébrouer dans le champs des produits dérivés structurés et autres subprimes. Qui aurait pu imaginer qu'en 2006 non seulement ce n'était plus le moment d'entrer sur ce marché, mais il était devenu urgent d'en sortir ? Certainement pas ledit François Pérol, bien entendu, qui, après avoir si bien conseillé notre président sur les questions économiques, se retrouve maintenant par le fait du prince à la tête des deux banques qui ont eu le malheur d'avoir Natixis comme filiale. 

On pourrait ajouter à la liste la retraite par capitalisation et les fonds de pension, ou même le bouclier fiscal. A chaque fois on a l'impression que l'on est exactement à contre temps : loin de prévoir ce qui va se passer, on a un temps de retard, et on s'ingénie à prendre la mauvaise décision au mauvais moment. Avec un certain talent il faut le reconnaître...

Mais le lecteur avisé m'objectera, à juste titre, que je ne connais rien à l'économie, qu'il est facile de faire les prévisions à postériori, et que moi non plus à l'époque je n'avais pas prévu la crise des subprime ! Soit. Je laisse les experts du domaine économique analyser ces décisions et rendre leur verdict.

Mais je prendrai un dernier exemple sur lequel, j'ai la prétention d'avoir une certaine compétence et sur lequel je me suis largement exprimé à l'époque.

Car mars 2006 est entré dans l'Histoire pas seulement pour la création de Natixis mais aussi pour le vote de la loi DADVSI, après un long débat parlementaire plein de rebondissements. La raison d'être de la loi DADVSI était de sanctuariser les Mesures Techniques de Protection (plus couramment appelées par leur acronyme anglais DRM pour Digital Rights Management), c'est à non seulement autoriser les éditeurs d'oeuvres à utiliser des DRM pour contrôler et limiter ce que l'utilisateur peut faire avec une oeuvre, mais aussi criminaliser toute tentative de circonvenir ces mesures de protection pour quelque raison que ce soit. Bien entendu le tout étant fait sous la pression permanente jusque dans l'Assemblée Nationale des majors de l'industrie musicale et autres lobbys hollywoodiens, avec l'alibi universel de lutter contre le piratage. 

A l'époque la communauté Internet a combattu ce texte, et plusieurs députés d'opposition ont brillamment animé le débat à l'Assemblée Nationale. Sur Internet, dans les média traditionnels, et à l'Assemblée, plusieurs propositions alternatives ont vu le jour, dont l'idée de la licence globale. Toutes ces propositions avaient en commun un point: la reconnaissance que la voie des DRM était une impasse, et que pour résoudre le problème du piratage, ou plutôt de la rémunération des artistes, il fallait proposer de nouveaux modèles.

Pourtant lorsqu'elle a été votée, la loi DADVSI était restée focalisée sur la préservation des DRM. Là où la directive européenne autorisait 20 exception, la loi française n'en a conservé que 2, en faisant une des interprétations les plus restrictives d'Europe. Le parti au pouvoir a donc eu l'opportunité d'écouter les avis opposés, d'essayer de prévoir l'évolution de la société et des technologies, et il a choisi l'interpretation la plus restrictive, fondée sur la vision que les DRM étaient l'avenir de l'industrie musicale. A l'époque , comme beaucoup d'autres , j'étais contre cette vision qui me paraissait d'ores et déjà dépassée.

Revenons maintenant en 2009 où l'on nous repasse le plat réchauffé du piratage avec la loi HADOPI. Qu'en est-il des DRM ? Plus aucun morceau de musique vendu dans le monde n'est protégé par DRM ! Zero, zilch, nada ! Même si vous vouliez achetez un morceau avec DRM vous ne pourriez plus en trouver. Ca n'a pas été sans souffrance pour les malheureux qui avaient légalement acheté et téléchargé des morceaux de musique avec DRM puisqu'ils ont eu le choix entre : 
  • ne plus pouvoir écouter la musique qu'ils avaient légalement acheté
  • graver sur CD les morceaux avant de les re-convertir en MP3 (les éditeurs en étant réduit à expliquer aux utilisateurs comment contourner leur DRM :-)
  • payer 30 cent par morceau déjà acheté 99 cent pour avoir la version sans DRM (sur iTunes, Apple étant apparemment le seul à savoir faire de l'argent avec la musique sur Internet)

Donc tous les arguments qui avaient été avancés par les opposants à la loi DADVSI lors du débat, se sont révélés exacts. Nous n'avions simplement pas prévu que cela irait si vite. Et bien évidemment la loi DADVSI se retrouve obsolète en à peine 3 ans. Remarquable performance ! 

C'est pouquoi on nous propose maintenant la loi HADOPI puisque, toujours sous les auspices des majors de l'industrie musicale et autre lobbys hollywoodiens, il est urgent de lutter contre les pirates. Comme il y a trois ans... sauf qu'entre temps iTunes est devenu le 1er vendeur de musique aux USA (tous formats confondus, CD et téléchargement). Et on attend toujours l'esquisse d'une ébauche de stratégie cohérente sur Internet de la part de l'industrie musicale, plus occupée à permettre à Amazon de s'ériger en concurrent d'Apple qu'à essayer de prévoir ce que pourrait être le marché demain. 

Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, la mesure phare de la loi HADOPI, est bien évidemment parfaitement à contretemps de l'évolution de la société : la suspension de l'abonnement internet qui aurait servi à un acte de téléchargement illégal (après un avertissement par mail, puis un autre par mail ou courrier). Je passe sur les modalités contestables, sur le fait que la sanction ne s'applique pas au pirate mais au propriétaire de l'abonnement qui a été utilisé, car il n'y a rien à retenir dans cette démarche, mais venons en au fond.

Au XXIème siècle, au moment où tous les états veulent augmenter le taux de connexion haut début à Internet, voire lancer les premier plans d'équipement à très haut débit ; au moment où de nouveaux services sont créés tous les jours sur Internet ; au moment où nos enfants comprennent Internet mieux que nous, comment peut-on envisager de suspendre l'abonnement Internet d'une famille ? Pourquoi pas l'abonnement EDF qui a servi à alimenter l'ordinateur et le modem qui a permis le piratage ? 

Le même gouvernement qui nous demande de faire notre déclaration d'impôts par Internet, de payer impôts et amendes par Internet, propose maintenant de suspendre l'abonnement internet d'un contribuable, sous pretexte que l'industrie musicale a l'impression qu'il a été utilisé par un pirate ? Et il pense que les contribuables ne vont pas se rebeller ? De deux choses l'une, soit il est effectivement plus efficace de saisir sa déclaration d'impôts en ligne, et dans ce cas il est impensable que l'état accepte de priver un contribuable de sa connexion Internet pour satisfaire un intérêt privé, soit ce n'est pas plus efficace et il va falloir nous expliquer pourquoi ces investissement ont été faits, et pourquoi les campagnes d'incitation à la déclaration en ligne ont été lancées.

Toutes les entreprises qui envoie mensuellement des factures ou des relevés, préfèrent maintenant l'envoyer de façon électronique plutôt que par courrier. A quel titre l'industrie musicale pourrait-elle priver l'ensemble des autres industries d'un moyen plus efficace de faire leur business ? 

Réponse : il n'y a aucune raison. C'est inacceptable et ce sera donc inapplicable. Le parlement Européen a d'ailleurs rappelé son opposition à ce type de mesure . L'industrie musicale a un égo démesuré, et pense que tout lui est dû. Et puisqu'elle s'est révélée incapable de s'adapter au monde digital, elle doit le faire payer à la société. Elle n'imagine pas qu'on puisse utiliser un abonnement internet pour autre chose que pirater de la musique. 

L'argument de Pascal Nègre, d'Universal, expliquant que la suspension de l'abonnement était plus pédagogique que l'amende est à mourir de rire :
  • la pédagogie voudrait qu'on incite le pirate à se tourner vers le téléchargement légal et payant
  • lui supprimer son abonnement l'empêche de faire du téléchargement légal !!! 
  • en revanche il peut toujours aller dans des soirées entre copain avec son disque USB et échanger des giga octets de musique en une soirée, bien plus qu'il n'aurait pu faire par téléchargement
  • Il me semble qu'une amende, par exemple de 5 euros par morceau piraté, alors qu'un morceau coûte 1€ en téléchargement légal, aurait au moins pu l'inciter rationellement à s'intéresser au téléchargement légal

Que l'industrie musicale trouve des hommes politiques pour relayer ses positions ne lasse pas de m'étonner, et je pense qu'il faudra bien, comme pour l'industrie financière, arriver à faire toute la transparence sur ces soutiens qui se sont révélés particulièrement coûteux pour la société. 

HADOPI est donc à contre temps de l'évolution de la société. Pour faire bonne mesure, Nicolas Sarkozy a réussi à féliciter ses troupes à contre temps également, puisqu'il l'a fait avant le vote, et que par une manoeuvre d'un style potache bienvenu en l'occurrence, le gouvernement a été mis en minorité lors du vote à main levée et la loi rejetée.

Et le président de l'Assemblée, est lui aussi à contre temps, puisque, suite à cet incident, il décide (enfin!) de sévir contre l'absentéisme (de ses troupes!) à l'Assemblée, alors qu'il aurait suffi de demander un vote formel, ce qui aurait eu pour seul inconvénient de communiquer une date pour le vote et de garantir que l'on aurait connu le vote de chaque député. Mais en fait quand on est à contre temps, on n'aime pas trop que ça se sache...








2009/02/08

Mobilisation contre l'extension du copyright

La mobilisation contre le projet d'extension des droits des interprètes de 50 à 95 ans après l'enregistrement continue dans toute l'Europe. Le dessin animé expliquant le contenu du projet de loi et ses conséquences a été sous-titré en français, en espagnol et en italien :



N'hésitez pas à contacter votre député Européen (vous pourrez trouvez ses coordonnées ici : http://www.europarl.europa.eu/members.do) pour lui demander de regarder cette vidéo et de signer la pétition. Framablog ayant traduit la lettre de l'EFF je vous en propose un extrait ci-dessous, que vous pouvez largement communiquer autour de vous :

EU Copyright Extension: Help MEPs Hear the Other Side

Danny O’Brien - 20 janvier 2009 - Electronic Frontier Foundation
(Traduction et sous-titrage Framalang : Olivier, Don Rico, Xavier et Yostral)

À la lecture de la documentation officielle de la Commission européenne sur la directive prévoyant l’allongement du copyright, on pourrait croire que porter la durée des droits des artistes à 95 ans au lieu de 50 en Europe est une décision généreuse sans aucun effet néfaste. C’est sans doute l’image que souhaite en donner le membre de la commission Charlie McCreevy, lui qui incite le Parlement à mettre au vote cette directive au mois de mars de cette année.

Mais les législateurs de Bruxelles n’entendent qu’un seul son de cloche de la part de ce commissaire. C’est pourquoi, dans le cadre de la campagne contre l’allongement de la durée des droits d’auteur, une réunion va être organisée à Bruxelles où vous et vos eurodéputés êtes cordialement conviés.

Les experts en droits d’auteur européens les plus réputés affirment eux-mêmes que la Commission induit en erreur les Conseil et Parlement européens. Nul n’a encore expliqué aux eurodéputés en quoi cette mesure coûterait des milliards d’euros aux consommateurs européens, alors qu’elle ne rapporterait à la plupart des artistes concernés guère plus de trente euros par an, le plus gros des bénéfices revenant aux plus grosses maisons de disques, les majors. Ils ne se sont pas non plus inquiété des dégâts qu’elle infligerait à un domaine public solide et à l’accès démocratique à l’héritage culturel des pays membres.